Escapad’Oc 2017 – 3/3

Escapade en pays d’Oc

Nous continuons durant cette Escapad’Oc, à vous faire découvrir ou re-découvrir les textes brillants de Max Rouquette, (Max Roqueta), enfant d’Occitanie. Max Rouquette était aussi un joueur passionné de Balle au Tambourin, il avait découvert l’existence du «Tamburello italien» en 1954 à l’occasion d’un voyage dans le nord de l’Italie.
Les règles du Jeu de Tambourin .


Mercredi 13 septembre 2017

Balade de 6 km au départ de Castelnau-de-Guers, on chemine à travers la vigne et la garrigue vers les ruines de l’Ermitage Saint-Antoine pour finir par les vieilles ruelles du village. Puis nous faisons la visite guidée du centre historique de Pézenas avec un guide conférencier.

Église romane (Glèisa romana)
de Max Rouquette

« Par l’extérieur, elle est romane, comme partout chez nous. Avec ses arcs lombards et ses dents de pierre, tout autour. Son abside en cul-de-four et ses belles pierres dorées. Et son clocher, avec une cloche unique, pendue en l’air où elle s’est évanouie. Mais, pour l’intérieur, le songe lui prête de l’étrangeté : une porte de grenier voûté où l’on marche sur les clefs de voûte des arcs doubleaux. Ce grenier partagé en trois ou quatre pièces .
Rien que le vide harmonieux, la grotte humaine pour accueillir le dieu, le lieu d’assemblée du peuple chrétien, les murs qui ont tellement bu de cris muets, de larmes, de prières d’espoir ou de désespérance et qui en sont comme imprégnées. »


Jeudi 14 septembre 2017

On visite la cathédrale Saint-Nazaire et Saint Celse de Béziers, le plus grand monument de style gothique de la ville. Nous redécouvrons l’œuvre de Pierre-Paul Riquet, les écluses de Fonséranes, l’ouvrage d’art le plus colossal sur le tracé du canal du Midi. Rouvert au public depuis cet été 2017 après de profonds travaux de réhabilitation, le site retrouve de sa superbe. Une scénovision d’une quinzaine de minutes, à l’étage du Coche d’eau, présente en 3D la création du canal de 1666 à 1681, sous le règne de Louis XIV.

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Le vieux jardin (L’òrt vièlh)
de Max Rouquette

« Le vieux jardin était un paradis perdu. Abandonné des hommes, sinon de Dieu. Bien abrité du nord par des rochers hérissés de buis et de nerpruns, longé par un mur de chaque côté du portail, […] le jardin était dominé par un balcon, une plate-forme carrée, d’où l’on contemplait le bassin, les terrasses, les pentes, les champs abandonnés et les grandes vagues de chênes verts jusqu’à l’horizon. De part et d’autre de ce balcon, des escaliers descendaient vers le jardin. Les petites dalles, bien ordonnées, plantées de biais, retenaient des bandes de terre où fleurissait encore, voilà soixante-dix ans, la rose, le lys, le bâton de Saint Jacques, la marguerite et la giroflée rouge ; envahis maintenant d’ivraie, de pastenade, de chardons, de fenouil et de graminées ; les graminées, l’herbe séculaire, éternellement calcinée, éternellement gelée et qui se dresse toujours sous la pluie où le plein soleil, vigoureuse, gonflée d’une sève obscure issue des veines de la terre. »


Vendredi 15 septembre 2017

Les Aresquiers à Vic-la-Gardiole, balade de 10km dépaysante en bordure de l’un des plus grands espaces protégés du littoral. Après avoir côtoyé les flamants roses, l’itinéraire s’enfonce dans une remarquable pinède odorante.

Le vieux jardin (L’òrt vièlh) (suite)
de Max Rouquette

« Le jardin donnait, au midi, sur un chemin de traverse très étroit et plus bas, sur une pente couverte de chênes verts, de genévriers et d’arbousiers. Bien au-delà s’étendait la Rouvière grande et le Brugas. Á l’est, le village, comme un long vaisseau, reposait sur le sommet de la colline. Et tel une vague soulevée et soudain fixée à jamais par la main d’un dieu, le Pic Saint-Loup, bleu sulfate.

Sous cette clarté de fin du monde, le jardin clos était un reliquaire abandonné où subsistait encore, à la lumière du souvenir, un peu de ce bonheur anéanti qui l’avait rêvé, créé, rempli de vie. Une harmonie était née entre la terre, le ciel, les arbres, les bêtes et les hommes. Dans un recoin toutefois, entre le pied droit du portail et l’escalier, avait poussé un énorme micocoulier dont les racines, couleuvres gigantesques, avaient défoncé les dalles et les murs. »

« Accrochés au mur, de part et d’autre, un térébinthe et un figuier travaillaient, avec la patience inexorable des siècles, à fendiller la pierre et faire éclater la construction.
Et, plus loin, tout autour, s’étendaient les chênes verts, les champs pierreux, les coteaux couverts de lentisques, de nerpruns et de genévriers, un bois de rouvres ; parfois émergeait une oliveraie dont quelques arbres, redevenus sauvages, rappelaient encore, au milieu d’un taillis épais de cistes et de chênes-kermès, la cueillette de l’olive… « 


Et puis des Lions,
« les 2 Frères et leurs Lions » qui nous poursuivent inévitablement…


et puis des Flamandes et des Flamands… roses à perte de vue…


et puis Nous, les protagonistes heureux et comblés de cette Escapad’Oc 2017
CHEZ NOTRE NICOLE PRÉFÉRÉE…


Toutes et Tous ensemble : « MERCI NICOLE !!! »

FIN, pour cette année.

6 réflexions au sujet de « Escapad’Oc 2017 – 3/3 »

  1. J’aime comme Max Rouquette poétise la nature,
    Celle que nous admirons le long de toutes nos marches,
    Celle qui s’accroche au mur, qui fendille la pierre, qui défonce le sol,
    Celle qui montre sa force et la splendeur de ses couleurs et de ses formes,
    J’aime le pistachier lentisque et ses fruits rouges puis noirs,
    Le pistachier térébinthe aux grappes de petites fleurs rougeâtres,
    Mais, j’aime par-dessus tout l’odeur du figuier !
    Ce figuier mâle qui se parfume en figuier femelle pour la survie de l’espèce.


    Merci pour ce blog encore fameux !
    Des bises de ta Mouchett’ Petite Plus

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    • Mon Djo,
      Quel beau poème…
      C’est rare cette plume aussi libre, aussi légère,
      Ce ressenti aussi savoureux , aussi aérien.
      J’en demande plus, de ces mots délicats qui coulent comme des baumes,
      de ces mots agiles (!) qui s’imprègnent comme une essence essentielle…
      Ce texte de Roqueta, je l’avais gardé sous la main, si toutefois… Pour moi c’est l’un des plus beau, l’un des plus sensible, et en plus ça nous cause…
      Écoute Mouch’ « La maigre maison »

      « Au numéro X + 2 du Boulevard Louis Blanc. La maison, la plus étroite de toutes, écrasée entre deux autres, et qui ne devait pas faire guère plus de trois mètres et demi de large. Je ne peux pas y passer devant sans me sentir envahi par la tristesse et la mélancolie.

      Et je ne peux pas, je n’ai même jamais pu, passer à Louis Blanc, devant la maigre maison, sans que quelque chose me serre le cœur. Et qu’il me vienne à la gorge la chaleur étroite du souvenir. Étrange souvenir. J’en ai encore à la bouche l’odeur grasse et salée de la lampe à pétrole qui envoyait continuellement au plafond bas son filet de fumée noire, ondulant doucement. Ma vieille cousine vivait chichement du collage d’enveloppes qu’elle faisait pour les commerçants de la ville qui y mettaient leurs réclames.

      Et cependant, c’est elle, la pauvre Enricia, elle qui avait tout perdu, elle à qui il ne restait que ses mains râpées par la colle, que ses yeux brûlés par les veilles, la fumée et les larmes ; elle que ses habits d’antan, usés jusqu’à la corde, que son impasse triste, noircie de fumée, c’est elle qui fit à l’enfant que j’étais un présent somptueux, un présent de reine. Né de sa peine de chaque soir et de chaque matin, de ses pas dans le froid et la pluie, de cette marche sans fin qu’elle arrêtait le soir, les jambes coupées, alors que son repos n’était pas d’aller se coucher, comme elle en aurait eu besoin, mais de s’asseoir sous la pauvre lampe malodorante pour colles des enveloppes à un sou le cent. Un présent de reine. Ou de fée : la clé d’or. Celle qui ouvre la porte sacrée du rêve. Celle qui conduit à la caverne d’Ali Baba. Où, à brassées, on palpe les diamants, la perle des mers, l’émeraude, le saphir et, plus beaux encore, leurs reflets venus du plus profond de la nuit. Ce palais dont le nom, pour nous, en ce temps-là, était tout neuf, chargé d’enchantements qu’il conserve encore et qui brillent dans le ciel du rêve : LE CINÉMA.

      Des après-midi dont je sortais chancelant, comme quelqu’un qui a trop bu. Et il me fallait de bons moments pour reprendre pied, pour me mêler de nouveau à la vie autour de moi, à la tristesse de la rue, à l’obscurité puante de la maison, à la misère qui suintait des murs et qui rendait plus amère, plus triste, la lumière de la lampe grasse où fumait le pétrole. » Traduction de Marie-Jeanne Verny

      Voila 49 ans déjà, notre premier film…
      à TOUT’
      Gilton

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  2. Plein les narines et plein les yeux! Comment vous trouvez ces poètes de l’herbe et de la pierre? Le micocoulier, le chêne-vert et l’arbousier, arbres de mon enfance… Et le figuier qui s’accroche aux murs, fait rouler les clapas, et donne à la fin d’août, ses succulents fruits petits et confits de soleil qui ont la goutte au cul.
    Et le jeu du tambourin, c’est un jeu de musicien, hein? avec les fonds, les cordiers, et tout le toutim des violons avec ou sans selle!
    Merci les amis! J’en ai le coeur tout gonflé de tendresse! A bientôt.

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    • Très Chère Bianchina,

      Trop beau ce que tu nous écris, pourtant j’aimerais te l’entendre dire avec ton petit accent acidulé, ton léger assent aigrelet. Avec tes « Tévé », tes « il a des yeux pour voir », tes « ils ont la goutte au cul… » ON EN REDEMANDE !
      Et bien nous, nous t’offrons juste pour le fun, un petit texte, une pièce de théâtre très drôle que je te demanderai de nous dire avec l’accent (œuf corse) à l’occasion, elle est bien sur de l’Ami Max. Avec Roqueta, nous sommes devenus très copains depuis quelques temps…

      Siás ma cabra (Tu es ma Chèvre)…
      L’HOMME : Qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce qu’on t’a fait ? A quoi rêves-tu ? Ce doit être cette grosse chaleur. Il faut se bouger, ma fille. A s’endormir, on finit par ne plus se réveiller. Le sommeil, c’est la porte de la mort, et la paresse conduit à la misère. Allons, un peu de courage. (Il lui attrape un bras pour la faire se lever).

      LA FEMME : Mèèè ! Mèèè ! Mèèè !

      L’HOMME : Quoi ? (Il laisse retomber le bras de sa femme) Tu insistes ? Bon, moi aussi !

      LA FEMME : Mèèè ! Mèèè ! Mèèè !

      L’HOMME : (un temps) Alors comme ça, tu es ma chèvre… et moi ton maître. Tu vois bien qu’il ne suffit pas de devenir chèvre pour m’échapper. Un homme n’est pas un… De toute façon (comme tendre) tu es ma chèvre, ma petite chèvre, ma chevrounette (un temps). Pas vrai que tu es ma chèvre ?

      LA FEMME (qui consent) : Mèèè ! Mèèè !

      L’HOMME : À la bonne heure ! Au moins tu es une chèvre qui sait ce que parler veut dire. Il ne te manque que la parole. Si ça te plaît, tant mieux. Je me charge de changer ta paillasse deux fois par semaine : avec de la paille d’orge et du feuillage de bois. Je veux te faire, dans la petite étable un coin… Je t’attacherai, ça c’est sûr, chaque soir. Parce qu’avec une chèvre, on ne sait jamais. Pas vrai ?

      LA FEMME (comme pour dire : « ça se peut ! ») : Mèèè ! Mèèè !

      L’HOMME : Et puis, il y aura le lait. Combien de lait me donneras-tu ? Parce que, le soir, si je suis chez un voisin et que je sorte tout à coup, on me dira : « Et bien, tu t’en vas si vite ! » je dirai : « C’est l’heure d’aller traire la chèvre ». Ils diront : « Et ta femme, elle ne peut pas le faire ? » Je dirai : « C’est que, ma femme, c’est une chèvre. Comment voulez-vous qu’elle puisse se traire elle-même ? » « Mince, alors ! ils diront, ta femme est une chèvre ? Comment ça se fait ? » Il ajouteront lourdement un : « C’est pas croyable ».

      LA FEMME (comme impatiente) : Mèèè ! Mèèè !

      L’HOMME : O, Margaridette, il faut bien penser à tout, et qui chèvre dit BOUC… Un bouc, un bon bouc, un jeune et beau bouc, avec tout ce qu’il faut… Avec une jolie barbe noire et pointue (il fait le signe de se caresser une barbe virtuelle). Et que fera le bouc, quand il aura le bonheur de voir la jolie chevrette au milieu des fleurs, dans le pré de Chantecoucou ? (maladroit, il fait ce qu’on peut imaginer que fait un bouc, droit sur ses pattes de derrière quand il vient câliner la chèvre).

      LA FEMME (pudique) : Mèèè ! Mèèè !

      L’HOMME : (en sautant de côté) « Mince ! fera le bouc, c’est une jeune fille de bonne famille ! Ni garce ni couche-toi-là… Il va falloir jouer serré. Il faut lui parler avec des fleurs. Des fleurs à la bouche, de la fleur de bouche. Et pas de mauvaise herbe, de ronces ou de pissenlits. Des fleurs de paroles. Tiens, je sais bien maintenant, ce qu’il faut lui dire pour qu’elle m’ouvre son cœur… Mèèè ! Mèèè ! (La femme ne dit rien).

      FIN – Traduction de Marie-Hélène Bonafé, Auteurs en scène, n° 1, décembre 1996..

      Je l’ai aussi en Occitan, bien sûr. Je ne sais pas ce qu’en penseraient les féministes mais moi je le trouve succulent… Pour tout dire, moi aussi j’ai une petite chevrette à la maison.

      Merci Bianchina à la revoyure,
      et à bientôt pour de nouvelles aventures !
      G&D

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  3. Bonjour les amis,
    Enfin pris le temps de fouiller cette belle balade.Petite Romane,vieilles pierres et
    coins nature ,encore tellement à découvrir. Merci, c ‘est tout trouvé pour une prochaine escapade chez nos copains de Mèze.
    Des photos qui donne envie.
    Bises
    Christiane

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    • Hello les Petites S(C)igognes,
      Merci Christiane pour tes délicats commentaires de connaisseuse, « prendre le temps », « tôt ou tard », peu importe… Car « tôt ou tard la vie te donnera ce que tu mérites » ce n’est pas moi qui le dit, c’est le proverbe, alors…
      D’ailleurs puisqu’on est dans les citations et proverbes, même le gars Charles pas le Grand, non Charlie le Petit disait « L’honnêteté coûte des soins, et veut un peu de complaisance. Mais tôt ou tard elle a sa récompense. Et souvent dans le temps qu’on y pense le moins ». Charles Perrault

      Et puis pour la poésie un petit dessin animé sur « Tôt ou Tard »… Génial ! Regarde plutôt (ou tard…hi, hi, hi).

      Allez bonne continuation, à la revoyure sur la toile et à bientôt,
      G&D

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